Qu’est-ce qui contribue à une vie qui vaut la peine d’être vécue ? Comment pouvons-nous améliorer notre bonheur et notre qualité de vie au quotidien ?
Le plaisir, la joie ? Mais que sont-ils vraiment ? Le plaisir est une forme de satisfaction immédiate, une réponse à nos besoins fondamentaux. Il est associé à des sensations agréables. On en ressent quand on satisfait un besoin primaire comme manger, se réchauffer, recevoir de l’affection. La joie, elle, est plus profonde et durable. Elle peut intervenir lorsque nos attentes sont dépassées ou lorsque nous trouvons un sens profond dans nos expériences ou nos relations. Elle peut subvenir même lorsqu’il n’y a pas de satisfaction immédiate des besoins. Toutefois, elle exige parfois une concentration sur l’activité, là où le plaisir demande moins d’efforts.
Qu’est-ce qui favorise cette joie et ce plaisir au quotidien ?
C’est ce que cherche à décrire l’auteur au nom imprononçable Mihaly CSIKSZENTMIHALYI, dans son livre sur l’état de Flow. Selon lui, c’est cet état qui permet souvent à la joie et au plaisir de survenir chaque jour. Imaginez-vous dans la peau d’un alpiniste gravissant une montagne, d’un compositeur laissant libre court à sa créativité ou d’un joueur d’échec plongé dans sa partie. Ces moments intenses de concentration constituent le cœur de l’expérience de flow. Et plus nous les vivons au quotidien, plus notre bonheur semble se multiplier. Alors, dans nos vies quotidiennes, quand est-ce que nous ressentons réellement cet état ?
Quoi chercher au quotidien pour être plus heureux ?
Tout état de flow, quelle que soit l’activité concernée, aurait des similitudes. Découvrons-les ensemble :
La tâche entreprise est à la fois accessible, mais représente un défi qui demande des compétences particulières. C’est ce qu’on vit par exemple quand on rentre dans une compétition agréable dans laquelle l’adversaire devient “complice” de l’amélioration de soi. En revanche, cette même compétition devient vite désagréable lorsque le désir de gagner vient effacer le plaisir de jouer.
La concentration sur la tâche et l’absence de distractions. Avez-vous déjà observé certains joueurs de babyfoot en pleine partie ? Tous penchés sur le jeu, complètement concentrés malgré les nombreux bruits autour. A tant que thérapeute, c’est cette même concentration qui se passe lorsque je reçois une personne. L’espace d’une heure, les divagations et les distractions extérieures s’effacent pour se concentrer sur la problématique de l’autre. Cette même concentration peut survenir à de nombreuses occasions chez n’importe qui : écouter de la musique, résoudre un problème complexe ou créatif, jouer à un jeu vidéo immersif… L’action suit l’action sans interruption.
L’objectif visé est clair et l’activité fournit un retour immédiat. C’est par exemple le cas lorsque l’on cuisine, que l’on fait le ménage ou que l’on jardine. Dans ces activités, chaque étape est guidée par un objectif clair et tangible.
Que se passe t-il quand le but n’est pas clair et que le retour immédiat est ambigu ? A ce moment, il est nécessaire de développer un sens personnel profond de ce que l’on veut vraiment. Par exemple, un artiste peut visualiser mentalement le tableau final qu’il souhaite pour établir des critères internes de qualité.
La personne maintient un certain contrôle sur ses actions. Plus précisément, elle ne se préoccupe pas de perdre le contrôle.
Dans la même veine, on observe une perte de conscience de soi. Il n’y a plus d’auto-évaluation ou de préoccupation à l’égard de soi. C’est ce que l’on retrouve lors de certaines danses passionnées, dans la pratique d’un art créatif, ou dans l’exercice d’un sport extrême.
Certaines personnes souffrent, à l’inverse, d’une préoccupation constante de soi, ce qui gène leur accès à ces moments de “flow” au quotidien, et cela peut amener à beaucoup de travers. C’est ce qu’on observe dans certains cas de dépression, de dysmorphobie ou d’anxiété sociale. Le plaisir et la joie des expériences quotidiennes s’effacent devant la dévalorisation constante de soi.
La perception altérée du temps. Le rythme est dicté par l’activité elle-même.
Entreprendre des défis réalistes au quotidien, se laisser absorber par des expériences aux objectifs définis, sur lesquelles nous avons un contrôle immédiat, où la perception du temps et de soi s’efface. Tous ces aspects caractérisent les états de flow que nous vivons au quotidien. De là surviennent les moments de bonheur, de joie et de plaisir.
Pour améliorer notre qualité de vie, deux stratégies s’offrent alors à nous : faire évoluer les conditions qui favorisent le “flow”, ou modifier notre perception de ces conditions extérieures pour accéder à un plus grand bonheur. L’un ne va pas sans l’autre. Une perception très optimiste de la vie n’empêchera pas le choc et la tristesse qu’accompagnent certains évènements comme la perte ou le deuil. A l’inverse, devenir très riche ne suffira pas si l’argent est votre seule arme face aux méandres de la vie ! Il n’est donc pas nécessaire d’accepter passivement une vie ennuyeuse. Nous pouvons toujours augmenter la qualité et la quantité de ces expériences que nous vivons chaque jour.
Toutefois, si vous ne parvenez pas à comprendre ce que vous vivez, que mettre en place des routines de bien-être au quotidien ne vous semble pas accessible et que vous éprouvez un mal-être persistant, rappelez-vous que des solutions existent ! N’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé mentale pour obtenir de l’aide et retrouver votre bonheur.
Source principale = Vivre : la psychologie du bonheur (Mihaly CSIKSZENTMIHALYI, 2006).